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Mémoires d'un artilleur
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28 janvier 2011

LE CAMP DE VAIHINGEN OU LE CAMP DU REPOS ETERNEL

Extrait de "Histoire d'un déporté", de Pierre Ropiquet et Maryline Renaud.

Voir http://etab.ac-poitiers.fr/coll-coulonges/IMG/pdf/histoire_de_M_Ropiquet_par_M_Renaud.pdf

"A mi-chemin entre Karlsruhe et Stuttgart, à quelques kilomètres de la France, se trouve le petit village aux toits rouges de Vaihingen. Derrière le village, entouré de barbelés avec un mirador à chaque coin, c'est le camp de Vaihingen, le soi-disant camp de repos, installé au fond d'une vallée. Ce camp qui ressemble d'apparence aux autres est composé de 20 baraques environ. Mais ici on ne tue pas : il n'y a pas de chambre à gaz, pas de four crématoire, pas de chambre de torture comme on peut en trouver ailleurs.

Ici on meurt de faim ou d'épuisement, on meurt de fièvre ou de maladie, on meurt doucement, on s'éteint. La population du camp s'élève à 1500 détenus, et régulièrement la population est renouvelée par de nouveaux contingents.

Comment se déroule votre arrivée ?

— Nous arrivons d’abord à un baraquement un peu à l’écart du camp, où nous nous déshabillons pour nous doucher et être désinfectés. Puis c’est la sélection : il y a le groupe des valides dont je fais partie et celui des grands malades. Ceux-ci, complètement dévêtus, et conduits dans une baraque dans le fond du camp, couchent à même leur paillasse. Dans cet endroit, la mortalité est très importante.

— Quelle impression vous donne ce camp de repos ?

— J’ai tout de suite une mauvaise impression, je pense très vite que nous sommes dans un camp de repos …éternel…

— C'est un camp qui accueille tous ceux qui ne peuvent travailler dans les camps voisins. Les déportés ne travaillent pas, ils attendent avec pour principal souci de récupérer une nouvelle gamelle. Nous devons la troquer contre des portions de nourriture auprès des détenus les plus anciens.

— Etes-vous toujours infirmier ?

— Je ne suis plus infirmier car à Vaihingen ils ne m’ont pas accepté parmi eux et je suis resté un certain temps parmi les malades. Tous les postes clés (chef de camp, secrétaire, docteurs, dentistes, kapos etc) sont occupés par des Polonais … Avec ma nationalité française, je n'ai aucune chance.

— Que font-ils des cadavres s’il n’y a plus de fours crématoires ?

— Un kommando transporte les cadavres à l’extérieur du camp pour les déverser dans les fosses communes.

Nous sommes arrivés à 240 le 20 décembre et le jour de la libération du camp, le 8 avril 1945, nous ne sommes plus qu'une trentaine."

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