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Mémoires d'un artilleur
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16 mars 2010

Le S.T.O.

Après le journal de la libération de Nice, je me suis plongée dans les lettres écrites d'Allemagne par mon oncle Maurice, né en 1922 et parti au titre du S.T.O. en juillet 1943.

Il est facile, 60 ans après et dans un pays en paix, de critiquer les jeunesn qui sont allés, comme lui, mettre leurs forces au service de l'Allemagne. Qu'aurions-nous fait à leur place et dans les mêmes conditions de désinformation ? Profondément honnête et intègre, convaincu d'avoir un devoir de solidarité avec les soldats prisonniers, mon oncle ne pouvait imaginer que la "relève" n'était qu'un leurre et que son travail, loin de permettre la libération de soldats français, permettait seulement à l'Allemagne d'avoir plus d'hommes au front. En outre, aîné d'une famille de 5 enfants, il ne pouvait imaginer de mettre sa famille en danger en refusant de partir. Il a donc simplement fait ce qu'il considérait comme son devoir.

Affiche_STO

Décret du 16 février 1943 pris pour l'application du la loi du 16 février 1943 portant institution du service du travail obligatoire.

JO du 17 février 1943, p. 462.

"Art. ler. Tous les Français et ressortissants français du sexe masculin résidant en France et appartenant à l'une des trois catégories suivantes:

- Homme né entre le ler janvier et le 31 décembre 1920;

- Homme né entre le ler janvier et le 31 décembre 1921;

- Homme né entre le ler janvieret le 31 decembre 1922,

sont astreints à un service du travail d'une durée de deux ans qu'ils pourront être tenus d'exécuter à partir de la date de publication du présent décret.

Toutefois, cette durée sera réduite d'un temps égal au temps déjà passé dans les chantiers de jeunesse ou aux armées."

La durée hebdomadaire du travail fut fixée à 54 heures par un décret du 22 août 1942. En mars 1943, elle sera de 60 heures, en juillet 1944 de 72 heures. Mais la fréquence des alertes rendra indispensables des "rattrapages" tels que la durée du travail sera portée à 14 ou 15 heures par jour.

Les travailleurs sont logés dans des baraques surchargées, avec des lits plus que rudimentaires et souvent sans chauffage. La nourriture est réduite souvent au strict minimum, dans des conditions sanitaires (hygiène ou soins médicaux) aléatoires.

Théoriquement, les salaires sont équivalents aux salaires des ouvriers allemands. En fait, ils sont amputés de retenues pour le logement, la nourriture, les impôts, et tout est prétexte à amendes.

Les permissions furent très rapidement supprimées, leurs bénéficiaires ayant très souvent oublié de revenir. Un document du 21 septembre 1943 des archives du Commandant militaire en France précise que 48.356 permissionnaires n'ont pas rejoint leurs postes entre le 1er mai et le 31 août 1943.

Tout en insistant sur la différence entre les camps de concentration et les camps de la Déportation du travail, on ne peut parler parle de conditions de vie faciles ni confortables. La non-assistance officielle de la Croix-Rouge, l'absence totale de protection des lois internationales, l'absence de service de santé autonome, d'où la rareté des rapatriements sanitaires, et les difficultés qui rendront délicates la reconnaissance des maladies ou infirmités contractées en Allemagne, la suppression rapide des colis familiaux, la précarité vestimentaire et surtout le manque de nouvelles des familles, l'épreuve des bombardements, des morts qu'ils entraînaient, des travaux pénibles et des blessures morales et affectives qu'ils laissaient, sans oublier les fouilles des services policiers, les brutalités, les arrestations, ont laissé, chez ceux qui sont revenus, des séquelles physiques et morales indéniables.

http://www.requis-deportes-sto.com/pages/histoire.htm

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