Présentation
INTRODUCTION.
Paul Bernier est né à Nice, en 1889. Son père, Charles, né en 1861, travailla comme ingénieur-constructeur au barrage de Dardennes, près de Toulon, puis, après la guerre, à celui d'Eguzon, dans la Creuse. Il avait quatre sœurs, mariées aux familles Devun, Marcieux, Mousset et Guy.
Paul Bernier fit ses études au lycée de Nice puis à Saint Etienne, pour préparer l'entrée à Polytechnique où il fut reçu dans la promotion 1910. Il choisit de faire son service militaire dans l'artillerie de montagne des chasseurs alpins et participait à de grandes manœuvres dans les Alpes en août 1914.
Sous-lieutenant, puis lieutenant, à la 1ère Batterie du 2ème Régiment d'Artillerie de Montagne, il prit part aux combats aux abords de Nancy, avant d'être envoyé dans les Vosges (Reichacker, Linge). Après cinq mois à Verdun, de juin à octobre 1916, sa batterie rejoignit l'Armée Française d'Orient, à Salonique, puis occupa diverses positions en Grèce et en Serbie. Muté, en 1917, à la 8e Batterie du 19e Régiment d'Artillerie de Campagne, et nommé capitaine, il participa à la campagne qui vainquit les Bulgares et fut blessé en octobre 1918.
Mon grand-père était un homme secret, discret et modeste. Convaincu qu'il avait simplement fait son devoir et que ses récits de guerre ne pouvaient intéresser personne, il ne nous en jamais parlé.
Ses descriptions de combat peuvent sembler anodines : malgré sa promesse de "tout dire" à sa famille, il atténuait beaucoup les faits pour n'inquiéter personne. Mais ces lettres sont intéressantes à plus d'un titre. D'abord parce qu'elles présentent le point de vue d'un officier d'artillerie légère, en retrait des tranchées (pas toujours, on le verra) mais assez proche du front pour observer les résultats immédiats de ses tirs, voire pour prendre des initiatives pertinentes. Parce qu'elles reflètent le souci permanent qu'avait mon grand-père de ses hommes, de leur confort, si relatif qu'il puisse nous sembler, et surtout de leur sécurité. Parce qu'elles sont enfin le reflet de la mentalité d'un soldat, élevé dans le culte de "la revanche" et de l'Alsace-Lorraine, impitoyable pour l'envahisseur de son pays, avec une hargne qui peut aujourd'hui choquer mais que partageaient alors la grande majorité des "poilus", hommes et officiers, mais aussi des civils.
De cet ensemble de lettres, j'ai tiré un livre édité, dans un premier temps, à compte d'auteur, et pour lequel une souscription est actuellement en cours.