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Mémoires d'un artilleur
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16 septembre 2010

Jeux de Neige.

Dimanche 20 février 1944. Grand beau temps, même température le matin. Après la messe de 9h ½, je voulais aller voir la course de luge mais on n'a rien trouvé vers le terrain normal. Nous sommes quand même allés vers le tremplin de ski, en plein soleil, et on est redescendus en faisant des glissades sur la glace d'un chemin bien tôlé. Après déjeuner, j'ai fait le tour des piaules où des types ont pu se faire prêter des skis mais sans espoir cependant de pouvoir en avoir une paire car avec le beau temps, ils étaient naturellement tous utilisés. Il y avait concours de ski. Mais nous avons décidé d'aller tous faire une petite partie de luge. La luge était enfermée à la Palten où on est allé la chercher en passant par derrière, pour ne pas se faire voir par les Werkshutz. On a retrouvé le reste de la troupe sur la piste de luge, qui nous attendait, on était 7 en tout : Bon, Chareyre, Antoniucci, Bistarelli, Giorgini, moi et un prisonnier. On a même trouvé un autre prisonnier qui nous a accompagnés. Avant d'arriver en haut du chemin qui sert de piste, on a vu les petits drapeaux pour la course de ski et de fait, un quart d'heure après, la course commençait. On s'était placé involontairement au point le plus difficile du parcours : une pente très raide se terminant par une sorte de bosse faisant tremplin, ne laissant un passage que de deux mètres environ entre des barrières, puis un angle et un pont sur un petit ruisseau assez profond. On a vu passer une soixantaine de skieurs qui devaient partir toutes les 30 secondes. La plupart ont pris de belles pelles, là. Le premier a cassé son ski. Il y en a un qui est rentré dans la balustrade du pont, ce qui lui a coupé la respiration sur le coup; il a bien mis dix minutes avant de pouvoir redescendre à Rottenmann avec une luge; un autre, en tombant, a vu (ou du moins ne l'a pas vu) son ski se défaire et plonger dans le torrent. Il le cherchait de tous les côtés. Il y a eu deux ou trois très belles descentes. Le Prussien, Bilbao, le Tubard, parmi tant d'autres, faisaient la course mais n'avaient rien de sensationnel. Pendant ce temps, la luge était descendue une fois. Elle est remontée après la fin de la course et on est descendu mais ça allait mal, on allait tout le temps sur le côté. J'ai pris des photos, avec une pellicule à Bistarelli, pendant cet après-midi. Vers 4 heures, le soleil était couché; d'ailleurs il y avait des nuages et il ne faisait pas chaud. Alors on est allé boire un café à un petit bistrot, au-delà de l'hôpital, où il est très bon, très copieux et pas cher. Sur la route, avec la luge, on faisait encore les zazous en se poussant dans des allures plus ou moins normales mais enfin on s'est bien amusé et c'est tout ce qu'on cherchait. On a rentré la luge au camp car on n'a pas bien la possibilité de la laisser à la Palten maintenant (on avait dû l'y entreposer il y a un certain temps parce que le Führer était venu faire des fouilles dans les baraques à la recherche de cet engin.

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