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Mémoires d'un artilleur
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21 août 2010

Opinion personnelle.

Octobre 1943.

Sur les événements en général, nous trouvons que cela va bien, mais pas assez vite, naturellement, à notre gré. Les Allemands reçoivent une piquette maison en Russie. Mais on se demande ce que font les Américains en Italie où le front semble très calme pour le moment. Au camp, on voit la quille, c'est-à-dire la fin de la guerre, relativement assez proche. On est très optimiste, même trop, quoique de jour en jour, on se dit que la fin n'est pas si près qu'on le pensait la veille. On a beaucoup cru, il y a un mois et demi environ, qu'à Noël ce serait fini. Maintenant, c'est pour le mois de mars, pense-t-on en général. Beaucoup d'Allemands en ont assez de la guerre. En public, ils ne peuvent pas le laisser paraître, ils sont encore gonflés, c'est ce qui les soutient d'ailleurs les uns les autres. Mais en privé, je crois bien qu'ils se sentent perdus; il ne semble plus guère possible maintenant, avec la tournure que ça a, que la victoire puisse couronner leurs efforts. Goebbels le dit bien assez fréquemment, mais il n'en est sans doute lui-même pas convaincu. Cependant tout travaille pour la victoire. Je crois vous l'avoir déjà dit, les Allemands travaillent comme des pieds. On n'est vraiment pas édifié par leur travail. Ce sont les prisonniers français qui, depuis leur captivité, sont les réparateurs de machines de l'usine. Sans eux, pas un schleu ne serait capable de voir ce qui ne va pas et faire une réparation convenable dans un temps pas trop long. Ce sont les Français qui, au Trishall, ont trouvé des astuces (étant payés aux pièces) pour accroître la production des obus et augmenter le rendement de façon considérable. De toute façon, le rendement est toujours déplorable, même quand nous ne le faisons pas exprès. J'ai vu aussi au camp faire du béton : ils emploient de la terre et du ciment. Evidemment, il s'agit de béton pour fonder une baraque mais tout de même, ce n'est pas du béton. On voit toujours les jeunes Allemands nous creuser des tranchées abris; au début, ils remuaient deux pelletées de terre et se reposaient au moins une minute. Le chef était à côté et jugeait que le travail était convenablement fait comme ça. Et je pourrais vous en raconter des tas comme ça. C'est invraisemblable mais c'est la vérité.

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