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Mémoires d'un artilleur
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20 juillet 2010

Un réveillon trop copieux !

Dimanche 26 décembre. Passons maintenant à Noël. Jeudi donc, Bistarelli a confectionné un splendide gâteau à la confiture sur lequel nous avons mis des inscriptions, sur chacun des 6 morceaux, tels Vive Noël, Vive 1944, Vive la France, Vive la Quille… un gâteau de 40 cm sur 40. Tout d'abord je peux vous dire qu'on n'a pas souffert de la faim. On ne sait pas quoi faire de la nourriture, on en regorge, on n'arrive pas à tout manger !

En sortant d'ici à midi 4, Vendredi, je suis allé en vitesse au camp où j'ai trouvé mes cinq acolytes en plein dans les préparatifs de départ, en train de faire les sacs. Après avoir déjeuné et s'être équipés aussi bien que possible, nous avons pris nos sacs et sommes passés en ville acheter bière et lait. En attendant que les bidons se remplissent, nous avons vidé un café au lait chez Anna et à 2h, sous une charge écrasante, nous prenons le chemin du refuge, moi en tête pour régler la cadence. C'est allé assez bien jusqu'à mi-chemin, en supportant le fardeau et la montée et la neige (il avait neigé 10 cm environ Mardi, mais heureusement il y avait au moins des traces de ski, ce qui fait que nous avons toujours assez peu enfoncé). A partir de la moitié du chemin, Oddi et Antoniucci ont commencé à trouver les sacs lourds, surtout lorsqu'ils ont porté le gros mien (on changeait toutes les 20 minutes) dans lequel la tôle de la tarte vous rentrait dans le dos de la plus désagréable façon. Le chemin est bon jusqu'aux trois quarts mais après la montée est excessivement raide et de plus, évidemment, plus on monte, plus il y a de neige. Alors le dernier quart fut très pénible. Il commençait à faire un peu sombre, le temps étant couvert, et ça montait dur, et on était chargés, très chargés. Giorgini et ensuite moi, on n'en pouvait plus, on faisait 10 pas et on s'arrêtait. A 100 mètres du chalet, Oddi, complètement crevé, s'est couché trois fois par terre. On n'aurait pas pu aller plus loin.

On a pénétré dans le chalet comme la dernière fois, par la petite fenêtre du premier étage. On a rentré du bois à l'intérieur pour allumer les deux feux, et de la neige pour faire de l'eau. Une fois les feux allumés, on s'est changé et réchauffé, ceux qui avaient froid tout au moins, et on s'est tout de suite mis à déballer les marchandises et faire la cuisine. Le premier travail important fut de peler 10 kilos de patates et de les couper en forme de frites, en en mettant 2 kilos dans le four comme pommes de terre en robe de chambre. Ensuite j'ai découpé le lapin, que Bistarelli a tout de suite fait revenir dans de la graisse de porc. Ensuite on a fait cuire les pommes de terre, trois énormes casseroles, avec beaucoup de matières grasses. On se pourléchait les badigoinces en les voyant cuire. Pendant que Bistarelli, Antoniucci et moi nous occupions de la cuisine, les trois autres étaient allés pioncer. J'ai coupé la saucisse et le pâté des hors d'œuvre, ainsi qu'ouvert la boîte de sardines, pendant qu'on faisait cuire 750g de pâtes avec une bonne dose de beurre. Ensuite, devant l'abondance des denrées, on a décidé de ne pas faire cuire tout de suite les 14 côtelettes de porc que nous avions montées, on verrait si on avait encore faim. Bistarelli, chef cuisinier, a fait ensuite une sauce genre civet avec le sang du lapin pour y mettre cet animal, et j'ai fait cuire le dessert : riz au lait au chocolat, un bon paquet de riz, 1 litre de lait et 250g de chocolat, du sucre, ça pouvait être bon.

Aussitôt fini, on l'a mis dans la neige à refroidir; j'ai mis la table, coupé deux des 10 kilos de pain que nous avions montés (j'ai oublié de vous dire qu'on avait, à 5 heures, en arrivant, largement cassé la croûte, pain, lard, saucisson, bière) et porté la bière sur la table. On a réveillé les trois dormeurs et attaqué la mangeaille à 11h 1/2. On était éclairés par une bougie, on avait trouvé dans le refuge toute la vaisselle et les casseroles nécessaires. Comme vous avez pu le voir par l'énumération des victuailles que l'on a préparées à la cuisine, on pouvait être chargés. On a bien mangé les hors d'œuvre, au rythme de quelques bonnes chansons, en portant des toasts à tout le monde. Ça nous a tout de suite bouché un gros coin. Ensuite les pâtes. On a eu du mal à les finir. Manu, c'est-à-dire Oddi, s'est arrêté là, il n'a pas voulu goûter au lapin et est allé s'étendre, et de là il nous regardait manger. On a pris du lapin jusqu'à ce qu'on ne puisse vraiment plus en avaler une miette, ce qui s'est produit alors qu'il restait deux petits morceaux que personne ne voulait. Inutile de dire que les 10 kilos de frites que Giorgini tenait absolument à ce qu'on fasse n'ont eu aucun succès, c'est à peine si on en a apporté un plat pour faire voir qu'il y en avait, personne n'en a goûté. Il y avait le riz au chocolat et le gâteau, encore. On a essayé de manger le riz. Pour ça, on a trouvé des amateurs et on est arrivé, mais non sans peine, à tout manger. Le gâteau, on le mangerait demain.

Rentré au camp, j'ai trouvé des tas de vivres, que les camarades de la piaule nous avaient pris Vendredi soir et au petit déjeuner : il y avait un morceau de saucisse, des betteraves, 3 petits pains noirs, 2 gâteaux de pain blanc. Et pour le petit déjeuner, un gros morceau de brioche avec du café au lait. On a crié grâce en voyant ça, car vraiment on n'avait pas faim, c'était le moins qu'on puisse dire. A midi et demi, je suis allé déjeuner à la cantine où le "Groupe Artistique de Rottenmann" s'était réuni sur la scène et nous a joué pendant le repas un certain nombre de morceaux. Ensuite, des chanteurs ou des types ont improvisé quelques sketches et nous ont ainsi tenus à la cantine jusqu'à 2 heures et demie. On a mangé, sur des tables avec des nappes et des petites branches de sapin, une soupe (qu'on a jetée), du rôti de porc, des pommes de terre, des betteraves avec une bonne sauce et deux gâteaux. Bière et café au lait. J'ai oublié de vous dire que tout le monde, au camp, quand nous sommes arrivés à 11h, était dans le même cas que nous. Presque tout le monde, d'ailleurs, avait le même menu et personne n'est guère allé plus loin que nous, c'est pourquoi la soupe est toute allée à la poubelle. On a passé un bon après-midi musical.

A 7 heures du soir, nous sommes rentrés à la carrée. Il fallait manger les provisions rapportées de Globocken Alpe, et ce qu'on avait. On a, malgré notre manque d'appétit total, ingurgité quelques frites, d'ailleurs pas fameuses ainsi réchauffées, mangé un peu de saucisson, et bu de la bière pour faire descendre. Je voulais me coucher aussitôt après, mais dans notre piaule et les voisines, il y a eu grand chambard, chansons, cris, bruits de toutes sortes. Ce qui fait qu'à 10 heures on était encore réveillés, quoique ayant fort sommeil.

Dimanche matin, réveillé à 7h 1/2, courbatures dans les jambes et au niveau des reins. Au petit déjeuner, comme la veille, brioche et café au lait. Cette brioche est vraiment fameuse. Messe de 9h 1/2, expédiée en 5 7. Ensuite, rentré au camp, j'ai écrit un peu et à midi, il a fallu encore redéjeuner; encore un bon repas, comme la veille, soupe, rôti (il paraîtrait de cerf ou chamois), pommes de terre, betteraves, gâteaux, bière et café. On n'avait guère faim en sortant de table, comme bien vous pouvez penser, mais cependant, en rentrant à la carrée, on trouve les côtelettes de porc toutes cuites, nageant dans leur graisse, sentant bien bon et qu'il fallait manger. Alors on s'est dévoué. Jamais je ne me serais cru capable d'en manger comme ça, une côtelette et demie. Mais c'était vraiment bon. Après déjeuner, j'ai écrit le début de cette lettre; je suis aussi allé répéter à la chorale. Le soir à 7 heures, re bamboula avec Debard, Todeschini, Gervait, Ricard et Joubert. Ça ne commence effectivement qu'à 8 heures, dans la cuisine de la "mère Jacob", là où, au début et pendant cinq mois, Gervait et Ricard ont habité avec une quinzaine de types avant de venir au camp. C'est une très brave femme qui a prêté sa cuisine et tous ses ustensiles pour nous permettre de faire tranquillement notre petit gueuleton. Je vous joins le menu à cette lettre, vous verrez qu'on s'est encore bien tapé la cloche. Pour pouvoir tout manger, on s'arrêtait 10 minutes ou un quart d'heure entre chaque plat, fumant des cigarettes, attendant que tout se tasse un peu. La mousse au chocolat était rudement fameuse : 250g de chocolat, 4 œufs… Malheureusement on avait tellement mangé qu'on a bien failli ne pas pouvoir la terminer. C'était vraiment tout très bon, bien préparé, en quantité normale. On n'aurait pas été bourrés si on n'avait pas tant mangé les jours précédents.

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