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Mémoires d'un artilleur
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12 janvier 2010

Libération de Nice

Mon grand-père a tenu un journal, très événementiel, du 15 au 31 août 1944, qui relate, telle qu'il l'a vue et sans parti pris, la libération de Nice. En voici le début, les passages les plus intéressants suivront.

Mardi 15 août. Ne recevant plus de nouvelles (depuis le 2 août) et ne pouvant probablement pas en envoyer d'ici longtemps, je compte noter les événements en une sorte de journal tenu au fur et à mesure.

Après une journée de Lundi relativement calme (trois alertes, dont une seule avec D.C.A.), la nuit a été normale jusque vers 11h. A partir de ce moment, des avions isolés n'ont cessé de rôder, volant souvent très bas au-dessus de la ville. Aucune réaction de D.C.A. Vers 2 heures, des fusées éclairantes ont été lancées du côté du Var, de Villefranche, de Saint Roch. A 2h 1/2, un avion a lâché quatre bombes sur le Château (cimetière), toujours sans alerte. Je me suis levé et suis allé au bureau puis au poste central de D.P. On entendait une canonnade vers l'ouest. On annonce : tentative de débarquement sur le département du Var[1]. Rentré vers 6h à la maison. La canonnade est devenue beaucoup plus forte et plus proche à partir de 7h 1/2. Plusieurs alertes coup sur coup, de courte durée, sans avion visible. Toutes communications téléphoniques coupées. Vers 8h, allé avenue Désambrois; les gens dans la rue vous disent de rentrer, que les Allemands arrêtent tous les hommes. Concierge de l'avenue Désambrois affolée, porte fermée. Déjeuné chez Maman, allé au bureau sans mauvaises rencontres; rues vides. Les nouvelles sont rares; on confirme un débarquement sans savoir où; on parle de Saint-Raphaël, Saint Tropez, Juan les Pins. Rentré à la maison; nouvelles alertes, on en est à la 7e à midi. La canonnade redouble d'intensité jusqu'à faire trembler les vitres vers 13h 30.

A 13h 45 on m'apporte du bureau la nouvelle d'un ordre d'évacuation immédiat, pour 16h, des quartiers avoisinant le port, jusqu'au boulevard Carnot, Moyenne Corniche, rue Bonaparte, place Garibaldi. Je reviens au bureau. La radio d'Alger et anglaise a annoncé à 12h 15 le débarquement "dans le midi de la France", puis entre Fréjus et Toulon. Proclamation du général Wilson. On ne sait toujours rien de précis. A 14h 30 la canonnade a cessé. Les rues se remplissent de réfugiés du Port à la recherche d'un gîte, avec des valises et des vêtements sur les bras. On dit que cette évacuation ne serait que momentanée, les Allemands ayant l'intention de faire sauter le port, ruiné depuis longtemps. A 16h 15, nouvelle alerte, la 8e. Avions mais toujours pas de D.C.A. 16h 30, le communiqué d'Alger dit que le débarquement s'opère sur 150 km entre Nice et Marseille; il y a eu des parachutistes, la résistance allemande serait faible. Il est parlé de la région sud-ouest de Cagnes (Mandelieu, la Napoule ?).

A Nice, la circulation a été en principe suspendue. En fait on circule sans grande difficulté, surtout depuis qu'a été donné l'ordre d'évacuation du Port. Les barrages anti-chars ont été complétés sur les grandes artères. On voit fort peu d'Allemands.

17h 30. On n'a encore rien fait sauter. C'est calme. Il y aurait eu cet après-midi des bombes sur Saint Paul et Tourette. Deux nouvelles alertes (9e à 18h et 10e à 19h 30). Vers 20h 30, violente canonnade, de petit calibre, au loin, vers Cannes. Les sirènes sont affolées, de telle sorte qu'on ne sait plus à quoi s'en tenir. D'ailleurs il ne s'agit que de passages d'avions allant de Corse à l'ouest.


[1] Le débarquement des troupes commence à 8 heures.

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