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Mémoires d'un artilleur
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14 février 2015

Paul Bernier à Polytechnique, journal, octobre 1912

Salle 18

Mestraud. Crotal. Maj. Caser 2. Table 1

Cocons de la salle 18 :

Bernier

Michel

Huguet

Dumas A.

Bérenguier

Julia

Schumacher, cuir

+ Dupont de Dinechin

Geschwindenhammer

Houdaille

 

10 oct. 1912, jeudi.

Le soir de la rentrée, changement des coffins contre des corbins bittés chez les conscrits.

Le matin de la rentrée amphi Lafay, amphi Seiglet, présentation de Seiglet par Carva. Laïus Carva au sujet du cri de :"Hure à Carva !"

Arrivée des consquouères : boutons, lacets… Monôme des conscrits, salade de calots.

Ronde de Morellet et du préposé au caser au sujet des corbins. J'espère arriver à conserver le miens.

A 6h ; conscrits en visite : développement de la banale ; astuces diverses ; Carva pris pour un géné commandant l'X !

Le magnan n'a pas donné de petits-beurre aux conscrits pour que les anc ne les rabiotent pas : ils les ont eus à souper mais la commiss en a saisi un peu.

Monôme puis visite des anciens aux casers. 

11 octobre 1912.

Visite de conscrits.  Carva pris pour un géné. Podneu contraire de gland. Rostopchine inventeur du rosto. Banane pour banale. Monôme binôme.

Er amphi Humbert, laïus sur Jordon. Humbert fait museler la fenêtre par Morellet selbst[1].

Amphi gueule. Monôme des conscouères, jeux variés : affolement concentrique, le conscrit Picard saisit le calal placé au centre et est placé sur le perron où il est jodoté après un temps interminable (couverture par la Commiss). Voûte de conscrits, course à plat ventre, ficelle à sucre. 

12 oct. Monôme carton. A 4h, monôme des crotaux ; musellement des conscrits dans la salle de gym ; bocard ; caisson en batterie contre la porte, affolement de quelques conscouères ; bocard Lallemand ; jodotage à travers la porte brisée ; reprise du monôme après le petit boulal. 

Dim. 13 oct. Revue de casers par la Commiss en unifs. Quelques casers assez réussis : reprises de zombies, mise à mort du crotale serpent, sacrifice de la bête du Gévaudan, Chochott' club, grillage du nègre, etc.

Inspection des conscrits pour leur première sortie.

Séance chez la Brusca. Les premiers cocons arrivés sont notés pour limiter leur nombre à 180 environ. Rencontré quelques anc : Gambier, Thamin, Thaon, Jean Simon, Ledoux, Faga, etc. Boulotté prunes, cerises et marrons en abondance. Rentrée des conscrits en monôme. Salade de bottes. 

Mardi 14. Affaire Carva. Mestraud reçoit une lettre fermée contenant un mot de Carva au maj : "Mon cher camarade, je vous informe que la lettre ci-incluse sera envoyée au ministre si je n'ai pas reçu dans les 24 heures des excuses formelles ou des explications suffisantes sur les faits impliqués…" Dans sa lettre au ministre, Carva explique qu'il a entendu à plusieurs reprises le cri de "Hure à Carva" en passant devant le Café du Panthéon où étaient des X en unif. Il rappelle les "incidents" des exams de juillet : le cri de "Hure à Carva" (même de "Mort à Carva", dit-il) répété dans la cour, aux amphis, partout, puis l'origine du cri "Hure à Merca", etc. Bref il semble que Carva ait pris prétexte de cette occasion à l'exté pour vouloir faire cesser ce qui lui devenait peut-être une scie ; il est certain que les cocons abusaient ; mais d'autre part, cette sortie de Carva est un peu déplacée et il a pris le bocard. Cela s'explique sans doute parce qu'il croyait en avoir fini en nous disant lui-même gentiment un mot à ce sujet au 1er amphi Seiglet et il a cru que l'on se moquait pas mal de son laïus.

Le maj a donc, au reçu de cette lettre, conféré avec la kès et il a été décidé de réunir les deux promos à l'amphi de Φ. Laïus Mestraud expliquant les faits et convoquant les cocons à venir à la caisse donner toutes explications sur l'affaire. Il en est résulté la conviction que le "Hure à Carva" a été gueulé par des antiques, de nos anciens à nous. Le maj ira donc expliquer les choses à Carva.

A 4h, présentation du Code X ; conscrits en phécy et tangente ; adoration ; défilé.

On a commencé la peinture de quelques conscrits.

Nous avons Mathis pour le Teuton ; il nous donne un turbin fou par rapport aux séances Birmon ! 

Mardi 15 à vendredi 18.

L'affaire Carva s'est terminée dans l'oubli.

Une nouvelle histoire surgit : un caser de conscrits a été vidé de nuit et des objets ont été jetés sur le toit du Pavillon par les fenêtres du Belvé. Les Boums[2] mollissant pour aller les chercher préviennent l'Astra qui doit faire venir des types de l'exté et demande un Schicksal à cause des fausses clés. Antoine et Plane 8 crans (T Au S). Où ça se gâte, c'est que le colo colle 7 crans en augmentation. On prévient le Maj que l'on sera très sévère sur l'article fausse clé et que les punchs bittés seront punis aussi solidement. On voudrait faire diminuer les crans des 2 schicksés et l'Astra en profite pour faire une sorte de chantage en disant que la puni sera levée à la Toussaint si d'ici là aucun motif de fausses clés n'a été nécessaire. Topos d'observ, protestations ; projets de chambard dès à présent pour la Ste Barbe.

Le bahutage est terminé : le Vive la Jaune très rupiné.

Billard ne se charge plus du repassage des cols et manchettes. Pénible ! 

Samedi 19. 1er découche. Topo d'Astra sur le port obligatoire du claque le dimanche, certains cocons ayant exagéré l'an dernier et dès le début de cette année en portant le phécy.

On décide d'acheter régulièrement des fleurs pour la salle. 

Dimanche 20. Œillets et violettes. Demain punch au caser. Ancienne salle 39. Au boulal, nombreux cyrards en 2 ; caporaux ou sergents. Grotesque : leurs conscrits se rangent au garde à vous contre le mur pour saluer des anciens à eux dès le corri du réfec ! Un Cyrard prétend qu'il n'a pas été salué par plus de 10 polytechniciens conscrits. Quelle boîte ! ! 

Lundi 21. Le Crotale reçoit une boîte de confiserie d'Orléans. Sucre de pomme etc, une boîte de gelée est mangée au boulal du soir.

Amphi. MF pour Titi ; assez vaseux ; Tremblet à bloc.

Punch au casert avec les conscrits de la salle 39 plus quelques invités de passage dont un antique 1908 venu souper à la boîte. Après le punch, tournage de conscrits ; ce sport inédit pour moi est très intéressant ! Les conscrits ont encore la saine terreur des anc et se laissent tourner sans broncher ! 

Mardi 23. 1ère séance d'orchestre ; les débuts des cocons qui ont appris un instrument sont plutôt médiocres ; Drouet cependant avec son hautbois s'en tire assez bien.

Les colles commencent jeudi. 1er amphi d'Astra, le colo Bourgeois en unif assisté d'un pitaine d'arti, sans doute le colleur. 

Mercredi 24. Bocard du Kuir : sur une observation faite par moi au Crotale sifflant à tue-tête pendant l'étude, Schumacher réplique que c'était l'habitude à la salle 39, à quoi Bérenguier répond vivement. Discussion entre eux deux ; pour mettre fin à l'orage, Huguet déclare qu'il jodotera le premier qui continue à laïusser. Chou reprend néanmoins, exécution ! Bocardé, le Kuir sort en prenant son verre et brise un carral de la porte naturellement muselée, il essaye de jodoter Huguet puis ouvre et revient avec un 2e verre d'eau que d'un coup de main adroit, le camarade Huguet fait choir ! Là-dessus bocard rentré ne se dissipant qu'à la longue, espérons que c'est passé maintenant !

Jeudi 25 à samedi 27. Nouvelle histoire avec l'Astra. On avait fait passer un topo d'observ au sujet du procédé du géné, qualifié de chantage par quelques cocons, relativement à l'histoire de fausses clés pour lesquelles Antoine et Plane furent schiksalés. On a vidé un nouveau caser jeudi soir et encore il y a eu usage de fausses clés (grand et petit passes Ω). Rapport de Lametz. Pitaine Ducla très sympa, obligé d'avouer le motif fausses clés au rapport, porte seulement 4 crans. Le colo qui ne peut dépasser ce nombre en augmentation est obligé de limiter à 8 crans (Σ) la puniss. Deux noms : Arthaud et Dreyfuss (Bassi, schiksalé en 2 est à l'infi et remplacé par Dreyfuss). Devant cette intention bien arrêtée de l'Astra d'arrêter radicalement l'usage des fausses clés en nous terrifiant, la promo, par un vote de 99 voix contre 66 (25 abstentions) décide de ne pas mollir et de reprendre l'usage des punchs aux cryptes et vadrouilles en tous lieux, suspendus provisoirement jusqu'à la Toussaint.

Samedi le Magnan donne du civet de lièvre. Hure au Magnan.

Dimanche 28. Cette nuit, deux punchs d'ex-caserts tous deux bittés. Le punch du casert Laboirie, Hochart etc est bitté par Lametz et Allah de façon sournoise ; on a cru ce matin à une 60taine de crans au moins, en réalité on apprend que l'Astra demande seulement un nom à 2 crans dans chaque promo pour le casert. Le Punch du casert 21 bitté par Allah : Fallas et De Joyet s'extraient par la fenêtre, Fallas a chû de la gouttière et a manqué se tuer ; le bruit a effrayé Allah qui dit à Huguet : "Mais dites donc à vos camarades qu'on n'est pas des sauvages !" et il est parti sans repérer Huguet ni les autres cocons de l'ancien casert Mestraud couchés sous les plums. 

27 au 29. L'Astra semble mollir : les crans sont moins serrés. Cependant on a embêté le boum au sujet des journaux : il ne les porte plus au casert mais dans un placard du lavabal. La salle (moins Bérenguier) s'inscrit pour un jeu de sept cartes des Balkans offerts pour le prix de 8F[3] aux officiers et écoles militaires pour pouvoir suivre les opérations de la guerre. Punch Tal ; le maj a molli.

Demain à 12h30, sortie pour la Toussaint ; la sortie de mercredi est supprimée de façon à faire le pont plus long ; mais on est rat de BDA. 

30 oct. 2 cas de varicelle à l'X ; les malades sont transférés au Val de Grâce, leurs voisins passent à la visite et on désinfecte les locaux.



[1] Lui-même.

[2] N'importe quel membre du personnel de l'Ecole.

[3] 27€ (2014).

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